Sainte Anne Trinitaire > L'évolution du thème en Europe du Nord

La Sainte Parenté (Die heilige Sippe)

La formule horizontale se prêta au développement de la Sainte Parenté qui peut regrouper jusqu’à vingt neuf personnages. Elle fut très répandue dans la région de Lubeck où le seul St.-Annen-Museum en conserve huit. L’une des plus anciennes est le groupe sculpté pour une veuve, dévote de sainte Anne, par Martin Radeleff en 149453. Cet étonnant portrait de famille, rehaussé de couleurs vives, où seules la couronne et la chevelure éparse de Marie, signe de sa virginité, appartiennent au sacré. Anne trône entourée de six hommes aux visages bien individualisés et portant, à l’exception de Joseph, des coiffures à la mode du temps. Figurés de trois quarts, ils dominent femmes et enfants assis devant une balustrade, la Vierge étant dans l’axe de sainte Anne. Chaque jeune mère tient un enfant nu, tandis que les quatre autres, plus âgés s’amusent, l’un d’eux avec un petit chien...


Dans l’Allemagne du sud, la vogue était la même, comme l’atteste, parmi beaucoup d’œuvres mineures, la heilige Sippe de Tilman Riemenschneider, exécutée en 1506 pour une église de Rothenburg ob der Tauber. Il n’en subsiste que trois fragments dispersés, le plus important, sainte Anne et ses trois époux, a été acquis, en 2006, par le Musée Bode de Berlin54. Le même musée conserve un haut-relief, également en bois de tilleul dépourvu de polychromie, par Hans Thomann, de Memmingen. Dans cette région subsistent encore deux ensembles majeurs.

L’imagier souabe Daniel Mauch est l’auteur d’un triptyque aujourd’hui conservé dans la chapelle de Bieselbach55. Provenant du château de Horgau, il avat été commandé pour commémorer le mariage, en 1504, d’Anna Dietenheimer avec Johann Rehlinger, issu de l’une des plus illustres familles patriciennes d’Augsbourg. Achevé six ans plus tard, le retable agrémenté d’un décor renaissant, guirlandes, putti et cornes d’abondance, associe le thème de la Sainte Parenté à celui de l’Arbre de Jessé56.

Tandis que le patriarche est endormi sur la prédelle, les ancêtres du Christ encadrent le haut-relief central couronné par les armoiries du couple. Joseph et les trois époux d’Anne, debout à l’arrière-plan, jouent les seconds rôles, alors qu’Alphée et Zébédée sont mis à l’honneur sur les volets. Le premier, un homme dans la force de l’âge, richement vêtu, protège de sa haute stature la gracieuse Marie-Cléophas qui donne à boire à un nourrisson, tandis que les trois aînés s’amusent avec un petit chien. L’histoire sainte sert évidemment de prétexte à l’évocation de l’intimité familiale. Il en va de même sur le volet droit où le jeune Zébédée, imberbe, tient son nouveau-né qui tend les bras à Marie-Salomé, tandis que Jacques, reconnaissable à sa petite besace, s’accroche à la robe de sa mère. Les deux couples, vêtus de façon fort différente, semblent appartenir à deux sphères distinctes de la société, le patriciat urbain et la noblesse terrienne d’où étaient issus le couple de commanditaires.


Toujours en Souabe, à Mindelheim, la chapelle de la Vierge abrite une Parenté de dix-sept figurants, revêtue d’une riche polychromie (vers 1510-1515). Ce véritable portrait de famille présente, en costumes du temps, les six hommes debout, à l’arrière-plan, tandis que leurs épouses jouent avec de gracieux enfants, nus pour la plupart.

Une technique mixte est souvent utilisée. Le panneau central est décoré de sculptures représentant les sept principaux personnages, tandis que les demi-sœurs de la Vierge et leur familles sont peintes sur les volets, les trois époux d’Anne sont généralement figurés à mi-corps derrière un mur, en conversation animée.

Le plus bel exemple de cette composition est le retable du maître-autel du Münster d’Ulm, exécuté par Martin Schaffner en 152157. Sur le panneau de droite, le donateur, Matthieu Lupin, figure debout, richement vêtu, dans le rôle de Cléophas, tandis que son épouse, telle l’allégorie de la Charité, allaite un enfant ; les deux aînés tendent des livres à leur père dont la mission éducatrice est ainsi affirmée.


Le sujet a permis aux imagiers de sculpter des portraits expressifs, parfois truculents, de paysans bavarois, comme à Hohenfels, ou danois (Copenhague. Musée National), le parapet qui les sépare de la trinité sacrée autorisant une plus grande liberté.

Cette disposition est la plus fréquente ; elle a cependant été abolie dans l’église Saint-Sebald de Nuremberg où saint Joseph, placé derrière Marie, est bien distinct des époux d’Anne.

Mais c’est par la peinture seule que la Sainte Parenté fut le plus souvent et le mieux traitée, car il fallait de l’espace pour faire évoluer cette nombreuse famille...

L’engouement pour ce thème fut tel que deux artistes lui doivent leur identité : le Maître de la famille de sainte Anne, actif à Gand de 1480 à 151058, qui a peint presque exclusivement ce thème, et le Maître de la Sainte Parenté qui travailla à Cologne entre 1475 et 1515.

Si le premier est assez conventionnel, le second a conféré au triptyque qui lui a donné son nom, provenant du couvent des Dominicaines de Saint Achatius, une ampleur incomparable en l’enrichissant d’une Sainte Conversation59.

Jésus est tenu conjointement par Marie et Anne qui pointe l’index vers le sexe de l’Enfant. Dans cette composition solennelle toute hypothèse de sorcellerie et de grivoiserie doit être exclue. C’est donc le Sauveur incarné que viennent adorer sainte Catherine qui s’apprête à recevoir l’anneau de ses noces mystiques et sainte Barbe, penchée sur un Livre d’Heures. La sacralisation de l’espace est indiquée par des tentures, des colonnes rehaussées d’or et des guirlandes d’angelots. Un paysage bleuté se profile à l’arrière-plan et, entre ces deux espaces, prennent place deux hommes accoudés. L’un est saint Joseph ; l’autre, un jeune homme étranger à l’histoire sainte, regarde un personnage âgé, debout derrière sainte Catherine, dans le rôle de Joachim. Ses riches vêtements et ses traits fortement individualisés permettent de l’identifier avec le père du commanditaire, Nicasius Hackeney, l’un des plus riches bourgeois de Cologne, banquier de l’Empereur Maximilien. Ce célèbre personnage figure sur le volet gauche, présenté par saint Roch et saint Nicaise. En pendant, son épouse Christine est présentée par sainte Gudule et sainte Elisabeth.

Sans égards pour la perspective, les demi-sœurs figurées au premier plan sont plus petites, leurs époux placés sur les côtés. L’allaitement et l’apprentissage de la lecture sont les occupations de ces jeunes mères. Seuls sont identifiés le futur Jacques le Majeur qui porte un chapeau à coquille et Simon le Zélote tenant la scie qui sera l’instrument de son martyre. L’une des difficultés qu’avaient à résoudre les artistes était la représentation des cousins du Christ, plus jeunes que lui qui est âgé d’un an au plus...Toute vraisemblance fut écartée et l’on préféra évoquer les différents stades de l’enfance, du nourrisson au garçonnet60.

A Soest, en Westphalie, un peintre anonyme, surnommé le Maître de 1473, a situé la Parenté dans une église gothique, lui donnant ainsi un caractère plus recueilli.

Cette innovation sera reprise avec plus d’ampleur par Gérard de Saint Jean61 qui a situé la scène sur plusieurs niveaux. A l’arrière-plan, des hommes conversent autour de l’autel. Ce sont les acteurs secondaires, les deux derniers époux d’Anne et ceux de ses filles. Contrairement à l’œuvre précédente, la perspective est respectée et les personnages de l’avant-scène sont les plus grands mais, curieusement, ce n’est pas Marie, modestement assise à côté de sa mère ; qui occupe la place d’honneur, c’est Marie Cléophas tenant son fils qui tend les bras vers Jésus, figurant probablement la donatrice du tableau Les aînés jouent sur les dalles et Jacques, son bâton de pèlerin à la main, se tourne vers Joachim, debout derrière son épouse, à côté de Joseph montrant la verge fleurie qui le fit triompher des autres prétendants de la Vierge.

Dans l’église St.Lorenz de Nuremberg, Dieu le Père et la colombe du Saint Esprit entourés d’anges donnent à cette assemblée familiale un caractère sacré et solennel. L’inscription portée sur le phylactère Hic est filius meus dilectus in quo mihi complacui fait allusion au décès de Johannes Loeffelholz, survenu en 1504, assimilé au Christ. Rehaussée de brocarts et de riches étoffes, cette composition, attribuée au Maître de l’autel de Heilsbronn, célèbre la richesse d’une puissante famille patricienne.

Il arrive que les hommes soient complètement évincés. C’est le cas à Schwäbish Gmünd où, de chaque côté de sainte Anne trinitaire, les deux Marie ne portent chacune qu’un enfant. Aucune œuvre ne proclame avec autant de majesté la puissance procréatrice de la femme, affichée plus modestement sur la prédelle du maître-autel de l’église de Schönau, dans la Forêt Noire. Sur le retable d’Ortenberg, peint vers 1425 (Musée de Darmstadt), le thème interfère avec celui de la Virgo inter virgines et dans cette assemblée exclusivement féminine apparaît, à demi dissimulée derrière sainte Anne, la tête de saint Joseph, mais en tant que garant de la virginité de Marie (custos virginitatis Mariae)...

L’œuvre fut probablement commandée par une communauté de religieuses, alors que les confréries se ralliaient au thème de la famille. Ainsi, la Confrérie de Sainte Anne à Louvain qui commanda à Quentin Metsys, un triptyque, signé et daté de 1509, destiné à sa chapelle en l’église Saint-Pierre de cette ville62. Cette composition paisible et aérée s’ouvre sur des perspectives de montagnes bleutées noyées de brume, évoquant le sfumato cher à Léonard de Vinci. La parenté est réduite à quatre personnages masculins représentés, comme il est de coutume, derrière un parapet, laissant la place d’honneur, sous une coupole de pur style Renaissance aux deux saintes et à Jésus, pudiquement vêtu d’une petite chemise. Les deux sœurs de la Vierge, privés de leurs époux, s’occupent de leurs enfants, tous plus âgés que le Christ, sans souci de vraisemblance...

Lucas Cranach l’Ancien, à la charnière des deux mouvements religieux qui allaient déchirer l’Allemagne, travailla d’abord à Vienne où il eut pour mécène l’humaniste Cuspinian, grand dévot de sainte Anne. Puis il gagna la Saxe où le prince électeur Frédéric le Sage, tout aussi attaché au culte de la mère de Marie, le nomma peintre de Cour en 1504. Cinq ans plus tard, à son retour de Terre Sainte, le prince lui demanda d’exécuter des gravures pour illustrer la description des reliques qu’il avait rapportées. L’artiste, dans cet exemplaire unique du Wittenberger Heiligtumbuch reprend l’archaïque schéma vertical63.

Toujours en 1509, Frédéric commande pour l’église Sainte Marie à Torgau un triptyque consacré à la Sainte Parenté (Francfort, Städelsches Institut). Dans une architecture palatine conforme au goût nouveau pour l’antique, les contemporains prêtent leurs traits aux personnages bibliques. Tandis que les demi-sœurs de Marie et leurs époux prennent place sur les volets, Marie et Anne, presque aussi jeune que sa fille, jouent avec Jésus qui cherche à attraper une pomme tendue par sa mère. Ses cousins, beaucoup plus âgés que lui, jouent aussi avec des pommes. Joseph, pensif, baisse les yeux et toute l’attention se concentre sur les trois maris d’Anne, accoudés derrière une balustrade. Le statut des deux plus jeunes est indiqué par des putti en grisaille présentant des blasons et par la tenture rouge qui les surmonte. Ce sont l’Empereur Maximilien et son chapelain, Wolfgang von Maen. Un peu à l’écart, Joachim dont les vêtements modestes contrastent avec les costumes d’apparat de ces voisins, est un autoportrait du peintre. Sur les volets latéraux, Frédéric et son fils Jean incarnent Alphée et Zébédée64.

Pour commémorer son mariage, Cranach peignit une autre Sainte Parenté65. Parfois intitulée « La famille du peintre ». Il s’est en effet représenté en Alphée et sa femme en Marie Salomé. Zébédée serait Jobst Brengbier, beau-père de l’artiste et marie Cléophas Barbara Brengbier66.

Dans une gravure (1510-1512), Cranach figure une famille que seul le groupe trinitaire permet d’identifier avec une Sainte Parenté. Les trois époux d’Anne lui tournent le dos, conversant entre eux, tandis que Joseph, jouant pour la première fois un rôle actif, s’approche de Jésus qui lui tend les bras. Illustrant la mission éducatrice des pères prônée par les prédicateurs67, Cranach montre Alphée, les verges à la main, apprenant à lire à son fils aîné, pendant que Zébédée conduit le sien à l’école. Les mères qui, sur les œuvres précédentes, enseignaient la lecture, ne s’occupent plus que des enfants en bas âge.

Après 1518, cette gravure fut utilisée à deux reprises par les réformateurs qui l’accompagnèrent de vers de Mélanchton, ami de Luther, chantés par les enfants de Wittenberg le jour de la rentrée des classes. Plus aucune référence n’est faite à sainte Anne, ni à sa parenté. Le poème rappelle simplement que la lecture et l’écriture sont les fondements de la vie chrétienne68.

C’est dans cet esprit que Bernard Strigel, influencé par Lucas Cranach, peignit une Heilige Sippe fort originale, à la demande de Barbara de Reichberg, l’épouse d’Ulrich de Frundsberg qui fonda, en 1505, un an avant sa mort, une chapelle dédiée à sainte Anne dans l’église St.Stephan de Mindelheim. Ce polyptyque, aujourd’hui démembré69, comportait quatorze panneaux. Les six scènes centrales consacrées à sainte Anne, à ses parents et à sa descendance, étaient encadrées par les donateurs que présentent leurs saints patrons. Sur la prédelle, demeurée in situ, figurent leurs quatorze enfants. Les volets fermés représentent la branche cadette issue de la sœur de sainte Anne, Hismérie, et aboutissant à saint Servais.

 

Au lieu d’une composition gravitant autour du groupe trinitaire, l’artiste peint des scènes cloisonnées, séparées par des colonnes, et procède à un regroupement familial nouveau. Chaque père est représenté avec sa fille, elle-même figurée ensuite comme mère. D’où un aspect répétitif qui rend nécessaire la présence de nombreux phylactères70. L’accent est mis sur l’éducation chrétienne dispensée aux enfants par leurs parents, qui leur enseignent aussi la lecture et l’écriture, thème en faveur chez les humanistes et les propagateurs de la Réforme.

 

Strigel a encore illustré ce thème pour une famille inconnue71, mais ses œuvres majeures sont celles qu’il exécuta à Vienne, comme peintre de Cour de l’Empereur Maximilien.

La plus célèbre est le portrait de l’Empereur, peint en 1515, accompagné de son épouse Marie de Bourgogne, de son fils Philippe le Beau, père du futur Charles Quint représenté au premier plan avec son frère Ferdinand et son cousin Louis II de Hongrie (Vienne, Kunsthistorisches Museum). Après la mort de Maximilien, survenue en 1518, son ancien conseiller Johannes Cuspinian dont nous avons mentionné la dévotion envers sainte Anne, entra en possession du tableau qu’il fit transformer en Sainte Parenté grâce à des inscriptions qui identifient Maximilien avec Cléophas, présenté comme le frère de Joseph72, et Marie de Bourgogne avec Marie Cléophas. Philippe le Beau est Jacques le Mineur, Charles, Simon le Zélote, et Ferdinand, Joseph le Juste.

Cuspinian demanda à Strigel de peindre au revers du tableau, dix autres personnages. Marie, ses parents, son époux et son Fils font face à Elisabeth, également entourée de ses parents, de Zacharie et de Jean-Baptiste qui désigne son cousin. Attribut exceptionnel, le rosaire est égrené par Jésus. De nombreuses inscriptions dont beaucoup sont devenues illisibles, glorifiaient les personnages. En pendant à Cléophas-Maximilien qui avait pris place dans sa chapelle privée, l’humaniste fit peindre son portrait en tant que Zébédée, entouré de son épouse, uxor pacifica, et de ses deux fils73.

Ces exemples, choisis parmi des dizaines, montrent la diffusion extraordinaire du thème en Europe du nord, dans toutes les couches de la société. Il exalte non seulement le matriarcat, comme l’affirment les féministes, mais surtout l’importance des liens familiaux qui assurent stabilité et continuité dans tous les domaines : patrimoine foncier, commerce, finance et dynasties nobiliaires ou princières, tels les banquiers Fugger qui fonderont leur chapelle funéraire dans l’église St Anna d’Augsbourg74. Il affirme aussi qu’il faut procréer afin de pallier la mortalité qu’engendrent les guerres et les épidémies. La virginité de Marie sera exemplaire pour les communautés religieuses et la fécondité d’Anne servira de modèle aux familles chrétiennes, en justifiant le remariage des veuves.

Les réformateurs accentuent encore le message. En 1523, Heinrich de Kettenbach, Franciscain converti aux thèses luthériennes, écrivait : « Je crois que Dieu a établi le mariage de telle sorte qu’une pieuse personne mariée, même si elle a été mariée trois fois, est plus estimée de Dieu qu’un moine ou une nonne qui sont restés chastes pendant trente ans »75.

Voilà qui rassemble autour d’ Anne Catholiques et Protestants...Mais pour un temps seulement car, en 1563, le Concile de Trente rejette le triple mariage d’Anne76, fable invraisemblable, qui subsistera cependant dans les régions où elle était si bien enracinée, surtout au sud des Pays-Bas. Ainsi, Martin de Vos le peignit à plusieurs reprises77. Au XVIIe siècle, une Famille de Sainte Anne est exposée dans l’église Saint Paul à Anvers et Hendrick de Clerq en composa une autre, aujourd’hui à Bruxelles (Musée Royaux des Beaux Arts). La virtuosité et l’accent théâtral prennent désormais le pas sur la dévotion et l’identification des figurants devient incertaine. Si l’ on trouve encore en Souabe l’un de ces portraits de groupe composés de seize personnages78, sur tous les autels trône la Sainte Famille stricto sensu, entourée des parents de la Vierge, parfois accompagnés d’Elisabeth, Zacharie et du petit saint Jean Baptiste (Jordaens, New York, Metropolitan Museum).

53 Voir Ernst Günther Grimme, Deutsche Madonnen, Cologne, 1978, p.118, et Corpus der Mittelalterlichen Holzskulpturen und Tafelmalerei in Schleswig-Holstein, Band I. Hansestadt Lübeck, St.Annen-Museum, Kiel, 2005.

54 Les deux autres fragments sont conservés à Stuttgart (Landesmuseum) et à Londres (Victoria and Albert Museum).

55 Bieselbach (Horgau) est situé entre Ulm et Augsbourg. Voir Norbert Lieb, Der Bieselbacher Altar, Munich, 1963.

56 L’Arbre de Jessé, rebaptisé Arbor Annae, a inspiré une gravure reproduite dans Le Maître de Rabenden, op.cit., fig.35, qui a peut-être inspiré le tableau de Gérard David, « La lignée de sainte Anne » (Lyon, musée des Beaux-Arts). Voir Hans J. Van Migroet, Gérard David, 1981, p.312. Marie y est représentée deux fois : en Vierge d’humilité au pied de sa mère, et en reine du ciel au sommet de l’arbre. Citons parmi les représentations sculptées, à la cathédrale d’Ulm le Raiser Altar, (vers 1380), le retable conservé dans la cathédrale Saint-Sauveur à Bruges (vers 1500) et, dans la basilique d’Annaberg (Saxe), les piédroits encadrant la « Belle Porte » (1512).

57 Ce retable a été offert par la famille Hutz. Voir Marienbilder im Ulmer Münster, op.cit., p.34.

58 Presque toutes ses œuvres sont conservées au Musée des Beaux-Arts de Gand.

59 Cologne, Wallraf-Richartz Museum. La vie de Marie est évoquée dans de petits tableaux, à l’arrière-plan de la composition centrale.

60 Seul, à notre connaissance, le Maître de Sainte Véronique a représenté les six cousins du Christ comme des nourrissons que des phylactères permettent d’identifier (Cologne, Wallraf-Richartz Museum, vers 1420). Marie Cléophas qui tient un enfant sur chaque bras reproduit Anna Selbdritt. Elle est ainsi figurée sur le retable de Darmstadt, à Alt Krüssow et sur la prédelle de l’autel latéral de la chapelle castrale de Blutenburg où quatorze membres de la Sainte Parenté font pendant aux quatorze intercesseurs. Ces peintures sont attribuées à l’entourage de Jan Pollack (vers 1500).

61 Vers 1490. Amsterdam, Rijksmuseum.

62 Bruxelles, Musée Royal des Beaux-Arts. Voir Frans Baudoin, ‘Le sentiment religieux et son impact sur l’art des Pays-Bas méridionaux », Splendeurs d’Espagne et les villes belges, 1500-1700, Bruxelles, 1985, t.I, p.137. Michel Coxcie peignit, en 1540, une Sainte Parenté pour la cathédrale d’Anvers, aujourd’hui à Kremsmünster, Stiftsgalerie. Voir Catalogue 2012, n°118.

63 Cette gravure sur bois a été reproduite dans Interpreting cultural symbols...op.cit., p.22, fig.5. Elle a inspiré les sculpteurs, comme l’a montré Johannes Erichsen, « Altäre Luchas Cranachs und seine Werkstatt vor der Reformation », Lucas Cranach, Regensburg, 1994, p.152-153. Le retable Feilitzsch (1511-1512) place Anna selbdritt entre saint Paul et saint Pierre qui lui présente Jobst Feilitzch. Sur les volets extérieurs figurent saint Jean l’Evangéliste et sainte Catherine d’Alexandrie. Ayant appartenu au Chancelier Konrad Adenauer, il a été vendu par Sotheby en 2012. L’atelier de Lucas Cranach a maintes fois utilisé le thème d’Anna Selbdritt en l’adaptant à des volets de retables. Ibid., p.162-163.

64 M. Friedländer, J.Rosenberg, Die Gemälde von Lucas Cranach, Bâle, 1989.

65 1510-1512. Vienne, Akademie der bildenden Künste.

66 La commémoration du mariage est indiquée par le cartouche en haut à droite, où figure le motif de la dextrarum junctio.

67 Voir Werner Esser, op.cit. p.157, citant des sermons prononcés à Francfort et à Nuremberg.

68 La gravure est reproduite et commentée dans Interpreting Cultural Symbols, op.cit., p.190, fig.11.

69 Gertrud Otto, Bernard Strigel, Munich-Berlin, 1964, p.26-30, 94, fig.41-54. Les quatre panneaux représentant les donateurs et leurs enfants sont au muse d’Ulm. Les dix panneaux consacrés à la Sainte Parenté sont à Nuremberg (Germanisches National Museum).

70 Les parents d’Anne sont ici nommés Ysathar et Susanna et non plus Stollanus et Emerentia.

71 Voir G.Otto, op.cit., 48-50, 5 fig. Emperor Maximilian I and the age of Durer, Vienne, Albertina, 2012-2013, n°13. Un contemporain autrichien de Strigel, Sebastian Scheel, a peint en 1517 une intéressante Sainte Parenté située devant les murailles de la ville d’Innsbruck, provenant du château d’Annaberg (Innsbruck, Museum Ferdinandeum).

72 Relation qui fait de Joseph à la fois le gendre et le beau-frère d’Anne...

73 Œuvres conservées au Château de Seebam. Voir H G Thümmel, « Bernard Strigel’s Diptychon für Cuspinian », Jahrbuch der Kunsthistorische Sammlungen, Vienne (76), 1980, p.97-110. La dévotion de l’Empereur Maximilien envers sainte Anne est analysée par Beda Kleinschmidt, op.cit., p.490 et 506.

74 Werner Esser, op.cit., p. 36. Voir aussi Tom Brandenburg, « St Anne and her family. The veneration of St Anne in connection with concepts of marriage and the family in the early modern period », dans Saints and She Devils : Images of Women in the Fifteenth and Sixteenth Centurie, Londres, 1987. Bruno Bushart, Die Fugger Kapelle bei St Anna in Augsburg, Munchen, 1994. Sur l’abondance des enfants dans la société germanique de cette époque, voir Beda Kleinschmidt, op.cit., p.511, rappelant que le père de Durer avait dix huit enfants (légitimes) et qu’Ulrich Schwarz de Bâle, immortalisé par Holbein, en avait vingt...

75 Cité par Pamela Sheingorn, Interpreting Cultural Symbols, op.cit., p.185.

76 Emile Mâle, L’Art religieux après le Concile de Trente, Paris, 1961, p.346.

77 Une belle composition, signée et datée de 1585, est conservée au Musée des Beaux-Arts de Gand, mais les deux derniers époux de sainte Anne et leurs gendres en sont évincés. Sur le thème de la Sainte Parenté dans l’œuvre de Martin de Vos, voir Les saisies révolutionnaires au musée de Valenciennes, Musée des Beaux-Arts, 1989-1990, p.37-38.

78 Voir Werner Esser, op.cit., p.120.